Accueils

Manon Petitpretz

L’ENFANT,
être à l’hauteur

Réglisse et Caramel font un spectacle : L’Enfant, être à l’hauteur.
Se saisissant du texte comme d’un parchemin, Réglisse et Caramel racontent L’Enfant, ce petit être rencontré entre les mots d’une page dont on ne connaît ni le prénom, ni l’âge et qui traîne dans les pattes de Caramel et Réglisse, à moins que ce soit plutôt Caramel et Réglisse qui traînent dans les pattes de L’Enfant.

Le duo s’empare du plateau comme une aire de jeux où la scénographie se déploie comme un pop-up constitué de frigo, de fresques et de lettres géantes sur lesquels s’impriment des vidéos d’archives familiales. La création sonore interprétée en direct fait naître des espaces imaginaires et tisse un lien entre réel et fictionnel.

Chanter, dessiner, réciter comme dans un spectacle de fin d’année. Tout est jeu, leurs corps et leurs voix sont aussi des jouets.

Réglisse et Caramel s’efforcent de se remémorer leurs propres souvenirs d’enfance. Se détacher du temps pour y apercevoir son enfance disparue au profit de l’âge adulte. Ensemble, musicienne et actrices composent pour les spectateur·ice·s un spectacle visuel et sonore dans lequel leurs corps d’adultes tentent de s’oublier pour laisser place à celui de L’Enfant.

Cie In Situ • Dag Jeanneret

DANS LA SOLITUDE DES CHAMPS DE COTON

Il y a eu à l’orée des années 2000, au Conservatoire qu’on n’appelait pas encore l’ENSAD, à l’initiative de son directeur historique Ariel Garcia-Valdès, un premier travail sur la pièce mené par Cyril Amiot et Babacar M’baye Fall, alors étudiants. Puis au sortir de l’école, la continuation de ce travail qui amena les comédiens à solliciter Sébastien Lagord pour qu’il en fasse la mise en scène. Ce fut fait, un peu plus tard et avec succès. Le spectacle n’exista pas assez mais fut remarqué.

Une quinzaine d’années après, Babacar et Cyril, tenaillés par la pièce et qui entretemps ont ce qu’on pourrait peut-être appeler l’âge des rôles, ont souhaité remettre la pièce et ses mystères sur l’établi et ont demandé à Dag Jeanneret de les accompagner et de les mettre en scène. Une première session de travail a eu lieu à l’ENSAD en août 2020. Qui a permis d’entrevoir des possibles et de décider que cette aventure aurait lieu.

Raconter cette œuvre avec presque rien de plus que les mots de Koltès. Avec le moins d’effets esthétiques possibles. Le corps des acteurs dans l’espace, la langue de l’auteur, le combat des mots et des idées, pas plus.

 

Cie Yupiks • Jessie Chapuis

JE ME DEMANDE SI LA TERRE EST VENUE À LA VIE

« Je me demande si la terre a quelque chose à dire.
Je me demande si le sol écoute ce qui se dit,
je me demande si la terre est venue à la vie et ce qu’il y a dessous.

J’entends pourtant ce que dit la terre ».
Young Chief des Cayuses

Dans ce travail de recherches, il s’agit pour moi de recomposer, d’interpréter, de traduire la part manquante – révéler le sensible grâce à la fusion des poésies intérieures des acteurs et de mon imaginaire, écrire à partir et pour les actrices et acteurs.

 

Plateau Neuf • Marion Notte & Claire Eloy

JE NE VOUS DIRAI RIEN

D’après L’Actrice Empruntée (L’Arche – 2003) de Fabrice Melquiot et Interprétation des rêves (Les Solitaires Intempestifs – 2007) de Ewald Palmetshofer.

Emprisonnée, une actrice s’invente un public, à qui elle va avouer son meurtre…

Notes d’intention de la création
Le point de départ de cette création est d’explorer cette bascule du langage verbal vers le langage corporel. La façon dont un corps peut prendre le relai des mots pour s’exprimer. Car comme le nomme si bien Eric Lacascade : “Ce dont on ne peut plus parler, il faut le danser”.

En partant de cet axe de travail, nos lectures se sont rapidement arrêtées sur deux monologues dont nous prenons ici, la liberté de notre propre montage traduisant donc une nouvelle narration : L’Actrice Empruntée (L’Arche – 2003) de Fabrice Melquiot et Interprétation des rêves (Les Solitaires Intempestifs – 2007) de Ewald Palmetshofer.

Dès le début de Je ne vous dirai rien, nous découvrons le personnage principal, une actrice, dans un espace clos, en l’occurrence une prison.
Foulard en main, cet objet va être le déclencheur de son souvenir du meurtre qu’elle a commis. C’est à ce moment précis qu’un nouvel espace naît, celui du plateau de théâtre. De sa propre volonté, elle s’invente à la fois cet espace et un public à qui elle va avouer les détails de son meurtre.
Ce nouveau lieu n’est pas anodin, puisque son meurtre a eu lieu sur scène et n’oublions pas également qu’il s’agit d’une actrice.

Bien qu’elle soit comédienne, elle ne parvient pas à trouver les mots, à improviser, et se dévoile peu à peu à travers l’évocation de son métier pour « meubler le silence ». Elle tente d’une manière sinueuse, de rentrer dans le vif du sujet, celui de son crime, pour lequel elle a convoqué ce public, puisqu’il est là et l’écoute.
Par les mots puis par le corps dansé, nous saisissons donc les détails de son acte criminel : Il était tard, il était plus de minuit. Elle répétait une scène de meurtre avec son partenaire de jeu. Ils répétaient encore et encore. La metteure en scène lui a dit à maintes reprises : « Je t’emprunte juste un moment, tu t’allonges, tu fais comme si, et les gens t’écoutent, tu dis ce que tu veux ». Après de multiples essais, harassée et possédée par son rôle, elle finit par étrangler son partenaire de jeu.

Par une scénographie pensée comme un espace lumineux, le personnage passera de la prison à l’espace de l’aveu du crime : celui du théâtre. La colorimétrie travaillera sur l’environnement cloisonné et cru de la cellule de prison, à un espace plus émotionnel.
Le temps présent du récit, soit la prison, sera traduit par une lumière de néons, alors que le temps du souvenir, qui est celui de l’aveu du crime, sera constitué d’ampoules de couleurs chaudes. Ces ampoules apparaîtront, extraites des murs de la prison, comme une image déformée du réel, projetée dans le souvenir.

Un travail sonore accentuera le moment du souvenir. D’autre part, grâce au micro installé sur l’interprète, les sons des souffles, des caresses, des pas, des chuchotements, seront ainsi captés. Ce choix permet aussi de rentrer dans une parole intime. Plus le récit se rapprochera du meurtre, plus l’espace sonore sera présent.
Les passages entre les différentes temporalités seront traduits par un travail de son, de lumière et d’intention de jeu et de corps, dans une proposition d’espace fixe.

 

Cie Corps Itinérants • Clara Villalba

FERUSA

C’est une vague, un marécage envoûtant qui vient nous bercer, nous conter les peurs, les craintes et les désirs. Trois compagnons de voyage : une danseuse, un comédien et un musicien vont traverser par le corps et la voix le chemin vers l’espoir. Celui de renaître. Celui de vivre ensemble. Pour seuls témoins, des suspensions lumineuses et une baignoire guideront le pas dans ce clair-obscur à la temporalité bouleversée.

FERUSA est une odyssée humaine qui amène une curiosité fondamentale : comment dans l’immensité du monde peut s’exprimer l’amour solidaire ?