recherche

Anaïs Gournay

LES IDENTITÉS MEURTRIÈRES

Quatre jeunes candidat.x.tes participent volontairement à la création d’une émission documentaire au concept apparemment innovant. Une journaliste les invite à vivre dans un lieu isolé afin de les filmer, les interviewer, les mettre à l’épreuve. Mais lentement les candidat.x.es de ce documentaire se retrouvent pris.es au piège de cette fiction assignante.

Les participant.x.es seront amené.es à se définir, à faire advenir un « soi » d’emblée compromis par les yeux remplis d’images éculées de la journaliste. Nous serons témoins des clichés qu’on leur affecte et de leur tentative de les désamorcer. Nous les verrons jongler avec les formes d’assignation qu’on leur impose. Nous assisterons par exemple à un entretien sensationnaliste qui insiste sur les souffrances d’un candidat impuissant à détourner ce récit fait de lui. Nous suivrons l’histoire exotisante et essentialiste d’une candidate « venue d’un ailleurs » aux contours toujours plus flous. En somme, nous les verrons lutter avec la charge d’un passé toujours plus pesant et qui n’est pourtant pas le leur.

Qui sont-ils, alors, ces ils et elles, s’ils ne sont plus si exotiques que ça ?
Quels récits plaquer sur elleux si leurs histoires ne sont ni celles d’un footballeur banlieusard, ni celle d’une migration douloureuse ?

Chacun.x.e d’entre elleux va tenter de se déterminer, de se reconnaître, va se heurter à l’altérité, à l’assignation aux carcans qui l’enserre, à l’histoire qui se répète, à la poursuite irrémédiable de leurs désirs profonds. Autant de tiraillements qui constituent le chemin vers une identité en mouvement.

Cie Chagall sans M • Claire Engel

CECI EST MON CORPS

« Plus ma voix s’écoule en dehors 

plus je sens tous les contours de mon corps
tout le poids et les contours de ma vie
entre mes mains
entre mes bras
entre mes lèvres
je vais au bout de mon corps
touche les limites
touche les bords
je suis au bord
je suis corps
rien que corps
pulsation
je sens la vie en moi
elle me traverse
elle me tisse au monde »
Marie Dilasser, Ceci est mon corps (anatomie/autonomie) – extrait

Une femme regarde une poule, et elle la fait parler. Et de ce que lui dit la poule, la femme se met à revoir sa vie organique et physique ; à partir des révélations de la poule, la pensée de la femme s’enclenche ; elle veut nommer, trouver les mots justes pour décrire l’intérieur de son corps ; son corps exposé au regard des spécialistes : parents, médecins, hommes dans la rue ; son corps qu’elle va réinventer, réinventant ainsi sa manière propre d’entrer en relation au monde.
Il y a de la surprise dans le texte de Marie Dilasser, on pourrait croire de la folie. Mais tout ce qui se dit ici émerge de l’expérience d’un vécu et d’un ressenti. Il n’y a pas de fard. La langue est fluide, continue, s’adresse à soi, à personne et à tous.tes. Si j’écoute bien cette langue, j’entends la mienne cachée quelque part.
Faire le chemin de la connaissance de son propre corps, par la parole qui s’invente en sortant d’un trop-plein, adressée. Cette parole circulaire, libérée du tabou, surgissante, inévitable, qui se dévide dans une fugacité, c’est la nôtre.

 

Ceci est mon corps est une commande d’écriture à l’autrice Marie Dilasser.
Elle est la première pièce d’un cycle de créations, qui propose
un voyage du Je au Nous.

 


Marie Dilasser
Marie Dilasser est autrice, elle s’inscrit dans une démarche de « queerisation » du langage et des corps. Ses textes sont principalement écrits pour le théâtre. Ils sont mis en scène (entre autres) par Hélène Soulié, Michel Raskine, Laëtitia Guédon, Laurent Vacher, Blandine Pélissier et publiés aux éditions des Solitaires intempestifs, Quartett, Espaces 34 et Lansmann.

Claire Engel
Claire Engel est issue de la première promotion A3 théâtre Paris, n’a pas fait d’école de théâtre et s’est formée en compagnies. Elle est diplômée de l’Université de Montpellier (Master 2 création) et y enseigne. Comédienne, metteuse en scène et pédagogue, elle envisage ses trois métiers comme des vases communicants nécessaires. Elle crée des cycles de créations longs à partir de sujets sociétaux et utilise les possibilités du théâtre pour cheminer. Elle a été conseillère municipale, est aussi militante pour les droits des femmes, à EELV et au SYNAVI.

Charlotte Daquet
Charlotte Daquet est comédienne et metteuse en scène.
Formée à l’ENSAD de Montpellier sous la direction d’Ariel Garcia-Valdès. Elle cofonde la cie Moebius et joue dans tous les spectacles de la compagnie. Elle travaille avec la compagnie de L’individu à Marseille et travaille régulièrement avec Marion Pellissier. Depuis 2014, elle mène des laboratoires de recherche sur les méthodes d’écriture collective et des résidences d’immersions, notamment sur le thème du bouc émissaire.
Elle met en scène un diptyque sur le thème du bouc émissaire à l’âge de l’adolescence, Justine/Justine morcelée (2017-2019).
Elle joue dans Gladiatrice (2018), mis en scène par Claire Engel.
En 2020, elle débute un travail de recherche et d’immersion sur le Féminisme avec la compagnie les Grisettes et la metteuse en scène Anna Zamore.

Antoine Brunet-Lecomte

TRAVAIL

Cette forme est le résultat inachevé d’un lent travail d’appropriation d’un processus d’écriture transversal, personnel – mais partagé, avec Jean-Yann Verton – et pour ma part extrêmement enthousiasmant.Qui donne un solo.
Un acteur au plateau avec seulement ce qu’il faut pour continuer.
À ce jour, une table, une chaise, un vidéoprojecteur, des écrans et un clavier.
Tout se passe dans le jeu, le travail, et la relation de l’acteur à la salle.Il y a un moment où le spectacle se sépare, où la représentation peut prendre des chemins différents.
Ces différents chemins correspondent à des possibilités de « spectacle idéal ».
Métaphore de mondes possibles, réponse à mon besoin de rêver – au sens psychotropiquement concret du terme – et de comprendre.

Il y a de l’interaction avec le public, avec vous.
Préparée, encadrée et douce – la forme ne dépend jamais de la participation, elle fait avec.

Dans tout ça, je cherche du concret, de la présence, du rire, un peu d’intelligence, et de la virtuosité.

 


Antoine Brunet-Lecomte
Né à Lyon, quelques années de vies normales, une faculté de philosophie et du théâtre à l’Iris. Puis 3 années à l’ENSAD, belles et douloureuses. Un long travail d’écriture, depuis 2012, pour découvrir en 2017, avec Pierre Meunier et Marguerite Bordas, une possibilité d’écrire autrement. Écrire sans clore le texte, pour favoriser la présence du comédien. Il commence alors Travail, pour tirer de cette découverte hasardeuse un début de procédé.

Tire pas la nappe • Marion Aubert & Marion Guerrero

MUES

Je travaille avec un problème : « Que se passe-t-il lorsque les vies flanchent et que le sol devient moins ferme ? » Je travaille à ce qui pousse sous nos vies sans qu’on s’en rende compte. Je travaille au frottement entre l’art lyrique, l’art comique, et l’art sacré. Je travaille à lutter contre le réel, dur comme le roc. Parfois, ça se fend. Faut faire très attention à pas tomber dans la fente. Je travaille à la vie de Marie, venue se ressourcer, au début du 21ème siècle, dans le village d’Avèze. Ici vivent celles et ceux que la ville a recrachés, le temps d’un break.

Alors qu’elle est en balade, au cœur de la forêt, Marie sent en elle, et hors d’elle, le monde s’ouvrir. La pièce raconte l’histoire de la mue de Marie : sa rencontre avec les habitants du village (Claire sa logeuse, les handicapés du foyer de vie, trois quarantenaires qui sont peut-être des Bacchantes…), sa fusion avec tout ce qui l’entoure et la hante – paysages, statuaire, animaux, petite et grande histoire, et son combat pour ne pas disparaître dans un bruit de cascade, ou l’union avec un pin des Cévennes, mais rester bien ancrée dans le monde réel. On suivra ainsi Marie recevoir de la visite sur un banc, danser sur de la musique baroque, se faire cuire un œuf, chanter ses morts, et même ceux qui ne sont pas les siens, chasser une mouche, l’enterrer, lui faire un cercueil, se recueillir, avant de retourner dans le monde, où y a des trucs qui l’attendent.

 


Production
Cie Tire pas la Nappe, compagnie conventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication DRAC Occitanie.
Théâtre Joliette Marseille, Le Carré Scène nationale de Château-Gontier, Théâtre des 13 Vents CDN de Montpellier, Bonlieu Scène nationale Annecy
Avec le soutien de La Chartreuse CNES de Villeneuve-lez-Avignon et du Théâtre du Hangar ENSAD Montpellier – Accueil en résidence
Aide à la création de la Région Occitanie
Remerciements Cie de l’Astrolabe

 

Cie In Situ • Dag Jeanneret

DANS LA SOLITUDE DES CHAMPS DE COTON

Bernard-Marie Koltès / Chantier

Il y a eu à l’orée des années 2000, au Conservatoire qu’on n’appelait pas encore l’ENSAD, à l’initiative de son directeur historique, Ariel Garcia-Valdès, un premier travail sur la pièce mené par Cyril Amiot et Babacar M’baye Fall, alors étudiants. Puis, au sortir de l’école, la continuation de ce travail qui amena les comédiens à solliciter Sébastien Lagord pour qu’il en fasse la mise la en scène. Ce fut fait, un peu plus tard et avec succès. Le spectacle n’exista pas assez mais fut remarqué.

Une quinzaine d’années après, toujours tenaillés par la pièce, alors qu’ils avaient atteint ce qu’on pourrait appeler  » l’âge des rôles « , Babacar et Cyril ont aussi souhaité remettre la pièce et ses mystères sur l’établi en demandant à Dag Jeanneret de les accompagner et de les mettre en scène. Une première session de travail a eu lieu à l’ENSAD en août 2020. Pour voir, pour tenter, se rendre compte. Elle a permis d’entrevoir des possibles et de décider que cette aventure aurait lieu.

Raconter cette œuvre avec presque rien de plus que les mots de Koltès. Avec le moins d’effets esthétiques possibles. Le corps des acteurs dans l’espace, la langue de l’auteur, le combat des mots et des idées, pas plus.

 

Cie libre cours

STRIP, AU RISQUE D’AIMER – ÇA

Strip, au risque d’aimer-ça est une plongée immersive mêlant témoignages, récit autobiographique et fiction dans le milieu du striptease.

Loin des fantasmes et de l’imaginaire basé sur des stéréotypes de la pornographie que génère le strip-club, voici un projet qui parle avant tout d’hommes et de femmes qui se découvrent et se rencontrent à travers l’action d’une mise à nu, et qui déplace notre regard à l’endroit de l’amour.


 

Marion Coutarel
Fondatrice du Théâtre de la Remise, avec un collectif d’acteur·rices, de scénographes et musiciens (LaBulo) en 2000, Marion Coutarel s’est formée au théâtre d’actions physiques (Zygmunt Molik du Teatr Laboratorium – Pologne, Julia Varley, Anna Woolf – Odin Teatret, Danemark). Passionnée par l’anthropologie théâtrale, elle développe au sein de la Remise, des laboratoires d’artistes et rejoint The Magdalena Project, réseau international de femmes artistes.
Le processus artistique de la compagnie laisse une grande part à l’écriture de plateau et au travail de montage, avec notamment les spectacles : Viens plus près d’après les Vagues de Virginia Woolf, La jeune femme à la Licorne d’après la Ménagerie de Verre de Tennessee Williams, Top Girls d’après Caryl Churchill, Ciseaux de Stéphane Michaka, Ismène de Carole Fréchette.
L’acteur.trice est au centre d’un langage théâtral qui laisse surgir les matériaux subconscients et leur donne corps.
Le cycle P.P.P.P.P. débuté en 2021 verra la création de performances in situ suite à des temps d’immersion sur des territoires spécifiques, avec des artistes invités.

La compagnie mène aussi des projets transversaux et pluridisciplinaires « arts et soins » qui interrogent la notion de normes sociales. Marion Coutarel a été la première artiste associée à La Bulle Bleue, ESAT et fabrique artistique à Montpellier, elle a pris part au pilotage de l’ensemble du projet artistique et éditorial du lieu, et continue à y mener des projets de recherche. Titulaire du Diplôme d’État d’enseignement théâtral, elle intervient auprès du MASTER Arts de la scène et spectacle vivant parcours Création à l’Université Paul Valéry Montpellier III. Marion Coutarel est artiste associée aux Scènes Croisées de Lozère pour 2022/2025.
En septembre 2015, le Théâtre de la Remise a organisé le premier évènement Magdalena en France, rassemblant une centaine d’artistes en provenance d’une vingtaine de pays. En octobre 2019 a eu lieu la deuxième édition, la 3ème aura lieu en 2023.

Julie Benegmos
Diplômée de l’École d’Architecture de Paris-Belleville en 2007, Julie Benegmos travaille à Paris en tant qu’architecte, puis entre dans le milieu du cinéma en tant qu’assistante décoratrice aux côtés d’Emanuelle Pucci et Marie Cheminal.
En 2011, elle écrit et réalise son premier court-métrage, Anaïs, produit par Full Dawa Films.
Ce premier court-métrage est sélectionné à plusieurs festivals et diffusé sur TV5 Monde.
En 2016, elle crée la compagnie de théâtre Libre Cours qui lui permet de combiner cinéma et théâtre. Elle met en scène des pièces pluridisciplinaires mêlant textes littéraires, jeux vidéos, images documentaires et vidéos internet, comme son premier spectacle « L’Oubli », une adaptation du roman éponyme de Frederika Amalia Finkelstein, qu’elle a co-écrit, mis en scène et interprèté.
La pièce a été soutenue par la DRAC et la Région Occitanie où elle fait sa première tournée régionale en 2018 : Scène Nationale de Narbonne, Théâtre de la Ville de Montpellier, Le Périscope à Nîmes, etc.
Dans le but d’aller vers un théâtre mélangeant l’auto-biographie et le film documentaire, Julie Benegmos reprend ce premier spectacle pour en créer une nouvelle version : Après l’Oubli.
Ce spectacle est joué pour la première fois au Mémorial de la Shoah en juin 2019 et commence une tournée en France ainsi qu’à l’étranger soutenu par l’Institut Français et l’ONDA (Office National de diffusion artistique).

Toujours en quête de nouveautés, Julie Benegmos est également en écriture de son premier long-métrage de fiction, Le 7e Jour. Le projet a fait partie des ateliers d’écriture du Boostcamp 2017 au Groupe Ouest, et est développé par Les Films d’Ici.

Reprise des spectacles de sortie Ensad : Métamorphoses d’Aurélie Leroux, Cristal de Gildas Milin et Dolldrums de Charly Breton, en vue du jeu au Théâtre des Quartiers d’Ivry en janvier 2023.

Métamorphoses, du 3 au 6 janvier et le 17 janvier 2023 au Hangar Théâtre de Montpellier

Avec Fanny BARTHOD, Léïa BESNIER, Pierre BIENAIMÉ, Laurence BOLÉ, Adeline BRACQ, Étienne CALOONE, Théophile CHEVAUX, Stan DENTZ-MARZIN, Claire FREYERMUTH, Camille GRILLÈRES, Noémie GUILLE, Mélanie HELFER, Guilhem LOGEROT, Théotime OUANICHE, Léonie MBAKI MABOLIA

Cristal, du 9 au 11 janvier et le 18 janvier 2023 au Hangar Théâtre de Montpellier

Avec Fanny BARTHOD, Léïa BESNIER, Pierre BIENAIMÉ, Laurence BOLÉ, Adeline BRACQ, Étienne CALOONE, Théophile CHEVAUX, Stan DENTZ-MARZIN, Claire FREYERMUTH, Camille GRILLÈRES, Noémie GUILLE, Mélanie HELFER, Guilhem LOGEROT, Théotime OUANICHE, Dominique DIJOUX, Gaël BARON, Alexandre FLORY

Dolldrums, du 13 au 15 janvier 2023 au Hangar Théâtre de Montpellier

Avec Fanny BARTHOD, Léïa BESNIER, Pierre BIENAIMÉ, Laurence BOLÉ, Adeline BRACQ, Étienne CALOONE, Théophile CHEVAUX, Stan DENTZ-MARZIN, Claire FREYERMUTH, Camille GRILLÈRES, Noémie GUILLE, Mélanie HELFER, Guilhem LOGEROT, Théotime OUANICHE, Charles-Henri  WOLFF

Cie Nonii • Yohann BOURGEOIS

LA ROUTE DU MONT FIN

Le projet La route du Mont Fin traite du bonheur en questionnant son absence.
La pièce prend la forme d’un roadtrip où un trio de jeunes adultes
se lance dans le voyage comme dans une épreuve initiatique.

La forme se veut performative,
que l’on puisse suivre une heure et demie d’un trajet comme s’il se déroulait devant nos yeux.
Que la fatigue des corps laisse place à la vivacité des esprits.

Le texte va naître du travail d’improvisation in situ, sur les routes, les sentiers de l’Hérault.
Nous travaillerons à traduire la Nature au plateau, sans artifice,
dans son hostilité comme dans son réconfort.

 


Note d’intention

Allons nous nous contenter de vivre ? Peut-on seulement vivre ?

La pièce est un voyage, au sens propre, une marche, un trajet, une fuite peut-être. On suit, ou on précède, un trio, trois jeunes individus qui se retrouvent sur le chemin du début de leurs vies.
Il y a une histoire d’amour pour laquelle on quitte tout, il y a une rupture pour laquelle on devient quelqu’un d’autre, il y a la curiosité qui repousse tout défaitisme … C’est un triangle pour créer le déséquilibre, il n’y pas d’entente, il n’y pas de commun véritable, de vérités communes, il n’y a d’ailleurs pas de vérité. Mais il y a des tentatives de s’entendre et de croiser les chemins.

L’action se veut en temps réel, en une heure et demie de route, d’un seul tenant. Le trajet tient en son sein la tension, le risque, la fuite, la fatigue, l’émerveillement et la chute, le souffle et le corps. Une pièce performative, genre qui semble devenir l’exploration privilégié de la Compagnie Nonii.
On y verra les interprètes marcher, sans relâche en espérant voir le jour se lever, comme se détachant de la nuit profonde et de l’inconnu.

Cette marche est une continuité, on invite de cette manière le public à faire l’expérience du temps. Nous sillonnerons la région pour y cueillir notre inspiration sur les bords du lac du Salagou et ancrer nos corps dans les garrigues surplombées de ciel bleu. Le texte prendra forme au contact du terrain, des improvisations in situ et des rencontres. Nous nous adresserons à un public le plus large possible et nous nous déplacerons pour le trouver.

Le dispositif scénique tient en une multiplicité des mécanismes du mouvement, ou comment le mouvement prend la place de l’immobilité et le bruit des respirations, celle du silence. Comment trouver la vérité de l’instant présent ? Et par là même, le bonheur comme une fulgurance.
La Nature, élément central de la pièce, est rendue au plateau par ses ombres et ses lumières. C’est cette Nature qui nous échappe finalement, cette Nature qui est plus forte que nous et contre qui nous devrons probablement bientôt nous battre.

C’est dans les petits détails que se dessine cette aventure, dans un dialogue entre nous-mêmes et la Nature, l’aventure du corps et de toute l’humanité, l’humanité qui ne sait plus dans quelle direction il faudrait évoluer, et s’il le faut.

Yohann Bourgeois, le 25 Novembre 2021

 


Yohann Bourgeois
Yohann Bourgeois est né en 1989. Il est sorti de l’ESTBA, l’École Nationale de Bordeaux, en 2016. Il collabore depuis avec Franck Manzoni dans La Nuit Électrique, de Mike Kenny, spectacle jeune public présenté dans toute la Nouvelle Aquitaine à destination d’un public large et populaire. Il joue aussi avec Pascale Henry, metteuse en scène et autrice de Présence(s), créé en 2019 au Théâtre de Grenoble, ainsi qu’avec Marie-Pierre Bésanger sur Berlin Sequenz de Manuel Antonio Pereira, création en octobre 2018 au Théâtre de Brive. En 2020 il est lauréat de Création en cours des Ateliers Médicis avec le projet Les Hauts Parleurs et joue dans La plus précieuse des marchandises de Jean-Claude Grumberg mis en scène par Violette Campo. En décembre 2021, il intègre le projet jeune public Laughton, de Stéphane Jaubertie, mis en scène par Lise Hervio. Par ailleurs, il a suivi entre autres l’enseignement de danse de Nadia Vadori-Gauthier et mène une grande réflexion sur le langage du corps au plateau.

Maija Nousiainen
Maija Nousiainen est née en 1991. Comédienne franco-finlandaise, elle est arrivée en France profitant d’un échange à la Sorbonne Nouvelle. Très vite, elle intègre le Conservatoire du 13ème arrondissement sous la direction de François Clavier. Elle y rencontre Agnès Adam qui lui enseigne la méthode d’Étude d’Anatoli Vassiliev. En parallèle, elle pratique la danse contemporaine à la Sorbonne Nouvelle, où elle découvre le travail d’improvisation de Lyse Seguin. Naît alors une collaboration artistique et humaine. Elles fondent le Collectif1908.43 pour développer des méthodes d’improvisation expérimentales du mouvement entre la France et la Finlande. Elle est diplômée de l’ENSAD de Montpellier en mai 2020 sous la direction de Gildas Milin, et joue notamment dans sa mise en scène, MCCM, et dans celle de Bérangère Vantusso, Comprendre la Vie, de Charles Pennequin, au Studio Théâtre de Vitry, au festival WarmUp et à la MC93. Elle joue également dans la création de Robert Cantarella Hugo, Théâtre Complet au Printemps des Comédiens en 2021. Elle est collaboratrice artistique dans la création d’Œdipe Roi mise en scène par Éric Lacascade au PCM 2022.

Manon PETITPRETZ

L’ENFANT,
être à l’hauteur

Réglisse et Caramel font un spectacle : L’Enfant, être à l’hauteur.
Se saisissant du texte comme d’un parchemin, Réglisse et Caramel racontent L’Enfant, ce petit être rencontré entre les mots d’une page dont on ne connaît ni le prénom, ni l’âge et qui traîne dans les pattes de Caramel et Réglisse, à moins que ce soit plutôt Caramel et Réglisse qui traînent dans les pattes de L’Enfant.

Le duo s’empare du plateau comme une aire de jeux où la scénographie se déploie comme un pop-up constitué de frigo, de fresques et de lettres géantes sur lesquels s’impriment des vidéos d’archives familiales. La création sonore interprétée en direct fait naître des espaces imaginaires et tisse un lien entre réel et fictionnel.

Chanter, dessiner, réciter comme dans un spectacle de fin d’année. Tout est jeu, leurs corps et leurs voix sont aussi des jouets.

Réglisse et Caramel s’efforcent de se remémorer leurs propres souvenirs d’enfance. Se détacher du temps pour y apercevoir son enfance disparue au profit de l’âge adulte. Ensemble, musicienne et actrices composent pour les spectateur·ice·s un spectacle visuel et sonore dans lequel leurs corps d’adultes tentent de s’oublier pour laisser place à celui de L’Enfant.

Cie Casquettes • Jess AVRIL

VIRGINIA

Virginia est un biopic sur la vie de Virginia Woolf.

Notre histoire commence par la fin.

Virginia Woolf donne une dernière conférence sur son métier avant de se suicider par noyade. Lors de sa mort, elle entre alors dans le monde merveilleux de la rivière où elle est accueillie par deux créatures : Bernard et Percival. Elles sont chargées de lui faire remonter le cours de l’eau afin de l’emmener dans un jardin anglais, où Virginia reposera avec d’autres poètes. Toutes deux usent pour cela de leur pouvoir de transformation en empruntant les visages qui ont peuplé la vie de Virginia Woolf, de son plus proche ami au monstre dont elle cauchemarde chaque nuit. Pour ce faire, Bernard et Percival usent d’une banque de souvenirs qu’ils doivent lui faire revivre jusqu’à remonter au souvenir traumatique du dernier repas partagé avec son frère Thoby. Virginia s’élance alors dans une course folle aux souvenirs qui la mène inexorablement vers la mort, course ultime durant laquelle elle trouve cependant la possibilité de s’échapper grâce à une femme qu’elle invente de toutes pièces : Mrs Dalloway. Cette femme suffira-t-elle à lui rendre la vie ?

La pièce met en relation deux femmes qui cohabitent à l’intérieur d’une seule, ici Virginia. Cette cohabitation, sous les regards protecteurs et amusés de Bernard et Percival, qui tenteront eux de l’aider et de l’accompagner à réconcilier ces deux parties, s’effectue en une course effrénée dans le lit de la rivière. La rivière comme source de vie, flux constant qui, dans l’écriture de Virginia Woolf, signifie : la pensée.

 


Jess Avril
Me servant à volonté de son écriture, et mêlant la mienne et celle des acteurs à la sienne, je tente de dresser un kaléidoscope de ce qu’est l’œuvre de cette femme pour moi et cherche à poser une question majeure de notre temps : comment faire cohabiter à l’intérieur de chacun.e la création et la vie pratique ?
Selon Virginia Woolf, lorsqu’une femme autrice sera débarrassée des contraintes liées aux conditions de la femme de son époque, un nouveau type d’auteure pourra voir le jour. Il ne s’agit pas d’annihiler en soi la condition féminine, loin de là, mais que cette condition entre dans le courant. Comment préparer le terrain afin d’accueillir ces nouvelles créatures ?
Virginia Woolf, qui n’a cessé d’apporter des éléments de réponse à ces questions, de par ses œuvres et l’organisation de sa propre vie, s’est suicidée le 28 Mars 1941 à l’âge de 59 ans, en se jetant dans la rivière Ouse.
Fascinée par sa vie, j’y vois l’opportunité d’ouvrir ses questionnements, de fertiliser le terrain qui accueillera ces nouvelles autrices et de rendre hommage à cette femme qui a ouvert une voie. Une rivière.