LES IDENTITÉS MEURTRIÈRES
Quatre jeunes candidat.x.tes participent volontairement à la création d’une émission documentaire au concept apparemment innovant. Une journaliste les invite à vivre dans un lieu isolé afin de les filmer, les interviewer, les mettre à l’épreuve. Mais lentement les candidat.x.es de ce documentaire se retrouvent pris.es au piège de cette fiction assignante.
Les participant.x.es seront amené.es à se définir, à faire advenir un « soi » d’emblée compromis par les yeux remplis d’images éculées de la journaliste. Nous serons témoins des clichés qu’on leur affecte et de leur tentative de les désamorcer. Nous les verrons jongler avec les formes d’assignation qu’on leur impose. Nous assisterons par exemple à un entretien sensationnaliste qui insiste sur les souffrances d’un candidat impuissant à détourner ce récit fait de lui. Nous suivrons l’histoire exotisante et essentialiste d’une candidate « venue d’un ailleurs » aux contours toujours plus flous. En somme, nous les verrons lutter avec la charge d’un passé toujours plus pesant et qui n’est pourtant pas le leur.
Qui sont-ils, alors, ces ils et elles, s’ils ne sont plus si exotiques que ça ?
Quels récits plaquer sur elleux si leurs histoires ne sont ni celles d’un footballeur banlieusard, ni celle d’une migration douloureuse ?
Chacun.x.e d’entre elleux va tenter de se déterminer, de se reconnaître, va se heurter à l’altérité, à l’assignation aux carcans qui l’enserre, à l’histoire qui se répète, à la poursuite irrémédiable de leurs désirs profonds. Autant de tiraillements qui constituent le chemin vers une identité en mouvement.
CECI EST MON CORPS
« Plus ma voix s’écoule en dehors
plus je sens tous les contours de mon corps
tout le poids et les contours de ma vie
entre mes mains
entre mes bras
entre mes lèvres
je vais au bout de mon corps
touche les limites
touche les bords
je suis au bord
je suis corps
rien que corps
pulsation
je sens la vie en moi
elle me traverse
elle me tisse au monde »
Marie Dilasser, Ceci est mon corps (anatomie/autonomie) – extrait
Une femme regarde une poule, et elle la fait parler. Et de ce que lui dit la poule, la femme se met à revoir sa vie organique et physique ; à partir des révélations de la poule, la pensée de la femme s’enclenche ; elle veut nommer, trouver les mots justes pour décrire l’intérieur de son corps ; son corps exposé au regard des spécialistes : parents, médecins, hommes dans la rue ; son corps qu’elle va réinventer, réinventant ainsi sa manière propre d’entrer en relation au monde.
Il y a de la surprise dans le texte de Marie Dilasser, on pourrait croire de la folie. Mais tout ce qui se dit ici émerge de l’expérience d’un vécu et d’un ressenti. Il n’y a pas de fard. La langue est fluide, continue, s’adresse à soi, à personne et à tous.tes. Si j’écoute bien cette langue, j’entends la mienne cachée quelque part.
Faire le chemin de la connaissance de son propre corps, par la parole qui s’invente en sortant d’un trop-plein, adressée. Cette parole circulaire, libérée du tabou, surgissante, inévitable, qui se dévide dans une fugacité, c’est la nôtre.
Ceci est mon corps est une commande d’écriture à l’autrice Marie Dilasser.
Elle est la première pièce d’un cycle de créations, qui propose un voyage du Je au Nous.
Marie Dilasser
Marie Dilasser est autrice, elle s’inscrit dans une démarche de « queerisation » du langage et des corps. Ses textes sont principalement écrits pour le théâtre. Ils sont mis en scène (entre autres) par Hélène Soulié, Michel Raskine, Laëtitia Guédon, Laurent Vacher, Blandine Pélissier et publiés aux éditions des Solitaires intempestifs, Quartett, Espaces 34 et Lansmann.
Claire Engel
Claire Engel est issue de la première promotion A3 théâtre Paris, n’a pas fait d’école de théâtre et s’est formée en compagnies. Elle est diplômée de l’Université de Montpellier (Master 2 création) et y enseigne. Comédienne, metteuse en scène et pédagogue, elle envisage ses trois métiers comme des vases communicants nécessaires. Elle crée des cycles de créations longs à partir de sujets sociétaux et utilise les possibilités du théâtre pour cheminer. Elle a été conseillère municipale, est aussi militante pour les droits des femmes, à EELV et au SYNAVI.
Charlotte Daquet
Charlotte Daquet est comédienne et metteuse en scène.
Formée à l’ENSAD de Montpellier sous la direction d’Ariel Garcia-Valdès. Elle cofonde la cie Moebius et joue dans tous les spectacles de la compagnie. Elle travaille avec la compagnie de L’individu à Marseille et travaille régulièrement avec Marion Pellissier. Depuis 2014, elle mène des laboratoires de recherche sur les méthodes d’écriture collective et des résidences d’immersions, notamment sur le thème du bouc émissaire.
Elle met en scène un diptyque sur le thème du bouc émissaire à l’âge de l’adolescence, Justine/Justine morcelée (2017-2019).
Elle joue dans Gladiatrice (2018), mis en scène par Claire Engel.
En 2020, elle débute un travail de recherche et d’immersion sur le Féminisme avec la compagnie les Grisettes et la metteuse en scène Anna Zamore.
TRAVAIL
Cette forme est le résultat inachevé d’un lent travail d’appropriation d’un processus d’écriture transversal, personnel – mais partagé, avec Jean-Yann Verton – et pour ma part extrêmement enthousiasmant.Qui donne un solo.
Un acteur au plateau avec seulement ce qu’il faut pour continuer.
À ce jour, une table, une chaise, un vidéoprojecteur, des écrans et un clavier.
Tout se passe dans le jeu, le travail, et la relation de l’acteur à la salle.Il y a un moment où le spectacle se sépare, où la représentation peut prendre des chemins différents.
Ces différents chemins correspondent à des possibilités de « spectacle idéal ».
Métaphore de mondes possibles, réponse à mon besoin de rêver – au sens psychotropiquement concret du terme – et de comprendre.
Il y a de l’interaction avec le public, avec vous.
Préparée, encadrée et douce – la forme ne dépend jamais de la participation, elle fait avec.
Dans tout ça, je cherche du concret, de la présence, du rire, un peu d’intelligence, et de la virtuosité.
Antoine Brunet-Lecomte
Né à Lyon, quelques années de vies normales, une faculté de philosophie et du théâtre à l’Iris. Puis 3 années à l’ENSAD, belles et douloureuses. Un long travail d’écriture, depuis 2012, pour découvrir en 2017, avec Pierre Meunier et Marguerite Bordas, une possibilité d’écrire autrement. Écrire sans clore le texte, pour favoriser la présence du comédien. Il commence alors Travail, pour tirer de cette découverte hasardeuse un début de procédé.
MUES
Je travaille avec un problème : « Que se passe-t-il lorsque les vies flanchent et que le sol devient moins ferme ? » Je travaille à ce qui pousse sous nos vies sans qu’on s’en rende compte. Je travaille au frottement entre l’art lyrique, l’art comique, et l’art sacré. Je travaille à lutter contre le réel, dur comme le roc. Parfois, ça se fend. Faut faire très attention à pas tomber dans la fente. Je travaille à la vie de Marie, venue se ressourcer, au début du 21ème siècle, dans le village d’Avèze. Ici vivent celles et ceux que la ville a recrachés, le temps d’un break.
Alors qu’elle est en balade, au cœur de la forêt, Marie sent en elle, et hors d’elle, le monde s’ouvrir. La pièce raconte l’histoire de la mue de Marie : sa rencontre avec les habitants du village (Claire sa logeuse, les handicapés du foyer de vie, trois quarantenaires qui sont peut-être des Bacchantes…), sa fusion avec tout ce qui l’entoure et la hante – paysages, statuaire, animaux, petite et grande histoire, et son combat pour ne pas disparaître dans un bruit de cascade, ou l’union avec un pin des Cévennes, mais rester bien ancrée dans le monde réel. On suivra ainsi Marie recevoir de la visite sur un banc, danser sur de la musique baroque, se faire cuire un œuf, chanter ses morts, et même ceux qui ne sont pas les siens, chasser une mouche, l’enterrer, lui faire un cercueil, se recueillir, avant de retourner dans le monde, où y a des trucs qui l’attendent.
Production
Cie Tire pas la Nappe, compagnie conventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication DRAC Occitanie.
Théâtre Joliette Marseille, Le Carré Scène nationale de Château-Gontier, Théâtre des 13 Vents CDN de Montpellier, Bonlieu Scène nationale Annecy
Avec le soutien de La Chartreuse CNES de Villeneuve-lez-Avignon et du Théâtre du Hangar ENSAD Montpellier – Accueil en résidence
Aide à la création de la Région Occitanie
Remerciements Cie de l’Astrolabe
Reprise des spectacles de sortie Ensad : Métamorphoses d’Aurélie Leroux, Cristal de Gildas Milin et Dolldrums de Charly Breton, en vue du jeu au Théâtre des Quartiers d’Ivry en janvier 2023.
Métamorphoses, du 3 au 6 janvier et le 17 janvier 2023 au Hangar Théâtre de Montpellier
Avec Fanny BARTHOD, Léïa BESNIER, Pierre BIENAIMÉ, Laurence BOLÉ, Adeline BRACQ, Étienne CALOONE, Théophile CHEVAUX, Stan DENTZ-MARZIN, Claire FREYERMUTH, Camille GRILLÈRES, Noémie GUILLE, Mélanie HELFER, Guilhem LOGEROT, Théotime OUANICHE, Léonie MBAKI MABOLIA
Cristal, du 9 au 11 janvier et le 18 janvier 2023 au Hangar Théâtre de Montpellier
Avec Fanny BARTHOD, Léïa BESNIER, Pierre BIENAIMÉ, Laurence BOLÉ, Adeline BRACQ, Étienne CALOONE, Théophile CHEVAUX, Stan DENTZ-MARZIN, Claire FREYERMUTH, Camille GRILLÈRES, Noémie GUILLE, Mélanie HELFER, Guilhem LOGEROT, Théotime OUANICHE, Dominique DIJOUX, Gaël BARON, Alexandre FLORY
Dolldrums, du 13 au 15 janvier 2023 au Hangar Théâtre de Montpellier
Avec Fanny BARTHOD, Léïa BESNIER, Pierre BIENAIMÉ, Laurence BOLÉ, Adeline BRACQ, Étienne CALOONE, Théophile CHEVAUX, Stan DENTZ-MARZIN, Claire FREYERMUTH, Camille GRILLÈRES, Noémie GUILLE, Mélanie HELFER, Guilhem LOGEROT, Théotime OUANICHE, Charles-Henri WOLFF