ENSAD Montpellier • Aurélie Leroux
« Tout est MÉTAMORPHOSES ? »
(Titre provisoire)
C’est à un moment clef de leur chemin que j’ai rencontré les comédien.nes de cet ensemble de l’Ensad. Au dernier tour de leur concours d’entrée. Il y a deux ans. Je me souviens particulièrement encore de leur singularité, et je me souviens de cette sensation qui m’avait fortement habitée en travaillant avec eux, ce « Au Monde » de Vitez, cet appel d’un théâtre qui réagit à son temps.
J’avais été surprise par leurs corps, ce qu’ils portaient, dégageaient, livraient : d’une vitalité sauvage à l’inscription d’une déjà forte expérience. Je me souviens d’un enthousiasme à les imaginer au sein de spectacles, porteurs d’un sacré possible d’humanités, dans ces diverses facettes. Et nous décidions en plus qu’ils seraient quatorze !
Deux années ont passé et c’est avec joie que je les retrouve pour cette création. Deux années où dans ce chamboulement général, j’ai beaucoup pensé à eux, comme à cette jeunesse enfermée à qui l’on peint à longueur de journée un monde sans lueur, sans projection possible. Comment l’habiter ? Comment s’y construire ?
Je me suis alors intéressée à ce mythe des plus profonds qui nous accompagne depuis tout temps – et plus particulièrement en des moments troubles, comme s’il avait une puissance de réparation : celui de la métamorphose.
La métamorphose comme une défense de l’imagination : du pouvoir merveilleux de transformer le monde, de le transfigurer. La métamorphose comme un phénomène scientifique fondamental du vivant : un monde toujours mobile, théâtre de perpétuelles mutations : humaines, animales, végétales, géologiques.
Et c’est avec ce thème que j’ai décidé de réunir ces comédien.nes, de questionner le monde et le théâtre.
D’une enquête sur la/les métamorphoses
De l’antiquité à aujourd’hui, les métamorphoses traversent nos identités.
Nous partirons d’une enquête sur la/les métamorphose(s) : des textes antiques (les Métamorphoses d’Ovide…), aux contes qui nous habitent depuis l’enfance (Pinocchio/certains de Grimm), aux romans (Kafka…), aux traités et essais scientifiques (biologie/botanie/ apiculture/jardinage/météorologie…), aux pièces de théâtre, jusqu’aux peintures, mangas, Bd, films, séries, jeux vidéos et actualités.
Chaque comédien.ne s’emparera de ce sujet, en un point précis : là où cela reveille son rapport à l’intime, aux autres, et au monde.
Nous accueillerons toutes les métamorphoses, qui correspondent aux désirs, et aux questions de ces 14 comédien.nes.
À partir de ces matières collectées, d’un « grenier » commun de cette mémoire, nous éprouverons au plateau, comment ces métamorphoses se performent.