LES IDENTITÉS MEURTRIÈRES
Ce projet interroge la notion d’identité et les carcans sociaux qui s’imposent aux individus : les destinées tracées d’avance pour nous dans la société. J’aimerais traiter l’omniprésence de l’image, comme média d’exposition, comme outil mensonger ou révélateur, grâce à une fiction simple, celle d’un plateau de tournage d’une chaîne du réseau public.
La recherche s’axera autour de la relation à soi dans la société et dans l’intime, autour des désirs profonds, de l’autodétermination, des tiraillements internes que constitue l’expression de nos multiples identités.
« Chacun d’entre nous doit se frayer un chemin entre les voies où on le pousse et celles qu’on lui interdit ou qu’on sème d’embûches sous ses pieds ; il n’est pas d’emblée lui-même, il ne se contente pas de «prendre conscience» de ce qu’il est ; il devient ce qu’il est ; il ne se contente pas de «prendre conscience» de son identité, il l’acquiert pas à pas. » Les Identités meurtrières, Amin Maalouf
L’ENFANT
L’Enfant s’adresse aux adultes.
L’Enfant s’adresse directement aux spectateur.rice.s ayant encore une âme d’enfant.
L’Enfant s’adresse également aux auditeur.rice.s ayant occulté leur enfance.
Cette création est une mise en son et lumière de l’enfance au travers d’un dispositif à la fois visuel et sonore, mêlant création musicale et vidéo composée autour du recueil de nouvelles fictionnelles et poétiques de L’Enfant écrit par Manon Petitpretz.
Le recueil de L’Enfant est composé d’une trentaine de nouvelles qui relatent la rencontre et la relation d’un très jeune enfant et de son auteur (camouflant volontairement la marque du féminin pour ne pas devenir « mère »).
Les textes de L’Enfant suivent le parcours de ces deux “êtres-personnages” venant à se rencontrer : l’enfant, et son adulte se présentant parfois comme son auteur ou tout simplement comme son narrateur. L’adulte semble être le créateur de ce jeune enfant qui oscille d’un texte à l’autre comme être de papier ou comme enfant véritable dont on ne connaît ni le prénom, ni l’âge et qui traîne dans les pattes d’un narrateur dont on ne sait également que peu de choses. A moins que ce soit plutôt le narrateur qui traîne dans les pattes de l’enfant. Il s’agit d’une histoire d’engagement et d’amour sur une couche de traumatismes liés à l’enfance et à cet apprentissage à être au monde, au monde réel.
L’Enfant, c’est celui qui apprend, qui teste, tombe et se relève. L’adulte oublie, lui, que tomber est une chose normale de la vie. L’Enfant est en apprentissage total, tout le temps en train d’essayer. L’adulte met des coups de règle en bois sur les doigts de l’Enfant dyslexique qui apprend à écrire. L’Enfant apprend à se redresser et à ne jamais abandonner. L’Enfant fait des tas de choses pour entrer, pour « se comprendre au monde » (dans les deux sens du terme : comprendre le monde et s’y comprendre).
L’Enfant se crée – il engendre le monde.
L’Enfant est un concert audiovisuel, une “scène d’exposition” d’une heure à l’image de cet enfant vagabond, qui ne souhaite vouloir s’achever.
AINSI PASSE LA GLOIRE DU MONDE
Lors de la cérémonie d’intronisation d’un nouveau pape, un moine venait brûler à ses pieds une mèche d’étoupe en disant « Sancte Pater, sic transit gloria mundi » – Saint Père, ainsi passe la gloire du monde.
Dans la Rome antique, lors de la parade de triomphe d’un général, un esclave se tenait à ses cotés pour lui murmurer « Memento mori » – Souviens-toi que tu es mortel.
De nos jours, cet esclave murmurant à l’oreille de l’homme blanc qui se pense tout puissant est une femme.