DARIA

Performance solo inspirée de La Salle N°6, Anton Tchekhov

En partant de l’étude de Salle N°6, nouvelle d’Anton Tchekhov écrite en 1892, Sophie Bocquet, danseuse et chorégraphe, propose une vision personnelle de ce récit.
Une image dans l’image. De ce texte à une scénographie, elle invente et construit une danse traversée par les imaginaires de ce récit.
Le processus d’inspiration, de création et de construction de ce projet se construit et chemine entre la France et les Balkans, particulièrement en Serbie.

Dans Salle N°6, on y parle d’un médecin qui devient fou, ou simplement lucide et désespéré. Il se lie d’amitié avec un malade qualifié de fou, qu’il a lui-même enfermé. Le décor est planté, Salle N°6 est un pavillon délabré dans l’enceinte d’un hôpital de Russie, plus ou moins en perdition lui aussi. En arrière-plan, la société russe miroir de nos paradoxes contemporains et la menace d’un collectif qui enferme l’homme sur lui-même et le pousse à s’exclure. Le malade et le fou communiquent dans des conversations furieuses, enflammées sur le sens de la vie. Le médecin ne trouvera la lumière qu’à sa mort. Si l’on peut dire ainsi… On dit que les personnages de Tchekhov trouvent la vérité dans l’obscurité la plus totale… elle y est.

On m’a souvent demandé dès le début pourquoi je m’intéressais à cette nouvelle si sombre ?
Pour son mystère, pour sa lumière. C’est pour la connaître, m’en approcher que je l’étudie.

Daria est un pré-texte. C’est le seul personnage féminin de cette nouvelle, elle apparaît sous quelques lignes dans ce récit. C’est une femme qui assiste en silence à toute l’histoire. Témoin de la chute d’un homme.
Elle est la logeuse et « servante » du médecin. Elle partage quelques moments de son quotidien. Elle lui prépare ses repas, lui sert sa bière à heure fixe, écoute parfois les conversations. À part ça, on ne sait rien d’elle.

Cette nouvelle de Tchekhov cultive tous les paradoxes…
Elle interroge la marge, la norme, le doute, nos vanités, nos impostures. Comment résister à un monde qui nous devient étranger et nous pousse dehors malgré une furieuse envie de vivre ? [Comme l’écrit Tchekhov !] C’est une des questions que pose ce récit, mais il y en a tant d’autres….
Je choisis ce personnage situé à la périphérie narrative de ce récit. Comme une conversation en aparté. Comme une antichambre à Salle N°6, où plane la promesse d’une rencontre…

Daria invente un petit monde précaire qui trouve son équilibre dans une quête de résolutions qui n’aboutissent jamais mais qui tente l’hypothèse de la joie.

Le trahi qui fait bonne figure ou l’apprentissage de la vulnérabilité ?…