LOVE AND MONEY

« Il n’y a pas de mal à vouloir croire en quelque chose »

C’est l’histoire d’un couple en lutte avec un système qui les écrase…
Non. C’est plutôt l’histoire de la cruauté d’un monde « en phase de cynisme terminal ».
Non. En fait, c’est l’histoire de cette femme un peu à part, qui voudrait retrouver la possibilité de “croire en quelque chose”.
Car même dans une société régie par les lois du capital, il n’y a pas d’histoire d’argent sans histoires d’amour. En bonne tragédie inversée, Love and Money nous plonge au cœur de solitudes contemporaines. Kelly mêle paroles intimes et organiques aux paroles publiques, directes, universelles, et fait jouer devant nous, l’air de rien, les mécaniques du capitalisme dans toute leur horreur.

« L’argent c’est mort, non ? Vous ne croyez pas ? On le sait ça, non, au fond, tout au fond de nous ? »

Mais les rêveur.euse.s que nous sommes refusons d’en rester là. Défendre avec grâce ces figures ambigües, aussi abîmées qu’attachantes, prendre le temps de comprendre ce qui les a amenées jusque-là sans en être les juges ou les bourreaux, c’est à notre échelle faire front à l’extrême violence d’un monde qui semble avoir perdu sens. Nous invitons notre cher public à partager avec nous cette traversée intime, au plus près des comédien.ne.s qui portent ces figures tiraillées entre désirs et perdition. Je souhaite mettre en avant ce que l’écriture de Dennis Kelly, tantôt drôle, tantôt tranchante, opère en nous, au plateau. J’entends la laisser résonner avec les seuls outils du jeu et du rythme, par une mise en scène invisible mais sensible. Ici pas de décors. Pas d’autres images que celles suggérées par les corps en jeu. Seules comptent les présences, celles des comédien.ne.s, bien sûr, mais aussi celles des spectateur.ice.s disposé.e.s tout autour de l’espace de jeu. Deux Dents Dehors l’investit sans aucun fard, pour opérer en nous une purgation nécessaire, qui veut laisser l’écho d’un espoir.

Raphaël Guetta